L'intermittent numéro #6
Il met en image l'imaginaire. Quand le dessin est au service du film, Max Magnan, Storyboarder.
Salut à tous,
Aujourd’hui je vous propose de découvrir Max Magnan, Storyborder. C’est une première pour moi car j’ai fait la connaissance de Max grâce à cette newsletter. C’est donc l’essence même de la démarche, la rencontre et la découverte.
Bonne lecture.
Salut Max, présente toi en quelques mots
J’ai 41 ans, marié, père d’un magnifique petit bonhomme, et j’ai très souvent, mais alors très très souvent, un crayon à la main. Je suis passionné de dessin et je dirais de même narration, quelle qu’elle soit.
Parle nous de ton métier de Storyboarder
Le métier de Storyboarder consiste, dans la publicité, à mettre en dessin le film publicitaire avant qu’il ne soit tourné. Je vais pour cela collaborer avec le réalisateur du futur film mais aussi potentiellement avec le dir de prod, le chef déco ou tout autre intervenant qui met en place le film lors de la phase de préproduction.
Comment devient-on Storyboarder ?
Mon parcours est un peu atypique. J’ai commencé par une classe prépa artistique, “l’école bleue”. Ensuite j’ai fait un an aux Beaux Arts à Marseille et comme ça ne me plaisait pas, j’ai saisi l’opportunité de pouvoir travailler comme stagiaire régie sur des tournages. J’ai été le pire stagiaire régie du métier !! Aucun sens de l’orientation, incapable d’être à l’heure et toujours perdu dans mes rêves. Je me suis donc tourné vers le théâtre (une autre de mes passions), où j’ai pris des cours, monté une troupe, et créé une pièce jusqu’à une représentation pendant un mois. Je suis resté trois ans dans le théâtre. Ensuite j’ai repris mes études dans le dessin. C’est grâce à quelques contacts que j’avais gardés lors de mon passage à la régie et sur les tournages que j’ai pu trouver mes premiers contrats de Storyboarder sur des petits projets publicitaires. Ce qui m’a amené ensuite sur le Storyboard du long métrage “Les choristes”.
A la suite de quoi j’ai eu une belle proposition pour travailler dans l’univers du jeu vidéo.
Ta première expérience d’intermittent ?
Ma première expérience d’intermittent fut assez particulière, puisque j’ai été engagé par “Ubisoft”, un grand éditeur de jeux vidéo, pour intégrer une petite équipe dédiée à la réalisation des cinématiques de jeux. Une très belle expérience.
Tu as été intermittent du spectacle mais tu ne l’es plus maintenant
L’intermittence est à mon sens un formidable statut, très important dans nos métiers qui reposent sur des temps de créations, et des projets qui s’enchaînent avec souvent des « temps morts ». Il permet de conserver des revenus entre deux projets, et une certaine stabilité financière.
C’est un statut que je n’ai malheureusement pas pu conserver et que je regrette souvent. C’est un régime qu’il faut absolument protéger. Je suis maintenant à la Maison des Artistes.
Ton dernier projet
Mon dernier projet est un storyboard couleur réalisé pour une grosse agence publicitaire ; un autre type de client, un autre type de boulot. Ici, il s’agit de dessiner des images très léchées pour vendre un projet de film auprès d’un annonceur (Hypermarchés U).
Le projet qui t’as le plus marqué
Le projet qui m’a le plus marqué est peut-être l’un des tous premiers. La réalisation d’un storyboard pour le long métrage « Les choristes » . Mon passage dans les jeux vidéo a aussi été un des temps forts de ma carrière de Storyboarder .
La personne qui t’as le plus marqué
Mon manager chez Ubisoft, en quelque sorte le réalisateur dans notre équipe cinématique. Il a su me montrer qu’on pouvait vraiment s’amuser et être professionnel en même temps. Une vraie leçon de kif !
J’aime bien poser la question des décors… que pourrais-tu m’en dire en tant que Storyborder ?
Effectivement je ne suis pas amené à travailler directement sur les décors. J’ai quand même le souvenir de mon storyboard pour le film “Les choristes”. Ce sont les contraintes techniques liées au décor du château dans lequel on tournait qui ont amené l’équipe du film à me demander de storyboarder les séquences prévues en intérieur, pour connaître les possibilités des mouvements caméra. Je suis resté 4 jours sur place et ça reste un très bon souvenir. C’est aussi pour ça que j’aimerais refaire du long métrage.
Je rebondis sur ta réponse, quel type de long métrage ?
J’adorerais faire le storyboard d’un long métrage de science fiction. Je suis très fan de ce genre cinématographique. Raconter quelque chose qui n’existe pas, l’abstraction, l’imaginaire. C’est ce que j’ai adoré dans les jeux vidéo.
Travailler avec Jeunet par exemple ou sur des films comme Avatar, Alien…
C’est un métier plutôt solitaire, comment es-tu parvenu à te créer ton réseau ?
Effectivement c’est un métier solitaire, on ne se connaît pas forcément entre storyboarders. C’est un métier qui passe beaucoup par agent, surtout dans la pub. Personnellement je n’ai plus d’agent car c’est une expérience qui ne m’a pas convaincu. J’ai quitté le mien le jour où il m’a engueulé parce que j’étais parti en weekend !!
Je me suis créé mon réseau sur le long terme. J’ai commencé à tisser des liens sur mes premiers tournages. A l’époque, quand j’étais régisseur, je présentais mes dessins aux équipes, le temps et la confiance ont fait le reste.
Dans 10 ans ?
Dans 10 ans, je continuerai avec plaisir à faire du storyboard mais je suis en train d’essayer d’ouvrir mes champs créatifs pour laisser plus de place à mes rêves d’enfant. Je me dirige vers le métier d’auteur. Je suis déjà en train de mettre en place certains projets en bande dessinée. J’espère que dans 10 ans ces projets auront atteint une belle et prospère maturité !
Tes coups de coeur du moment
-Je suis en train de regarder la série The expanse
-Je viens de relire le cycle de « Dune » F.Herbert
-Je commence la série de livre « la roue du temps » de R.Jordan.
https://www.instagram.com/max_drawing/
https://www.facebook.com/max.4.illustration/
Merci Max d’avoir partagé avec nous ton expérience. Cette rencontre a été très enrichissante !
CLIN D’OEIL
Un petit clin d’oeil à Philippe Prouff (portrait de la newsletter #3) qui vient de publier un livre sur son abécédaire réalisé pendant le premier confinement.
Le Pitch : Pendant 26 jours, entre le 6 avril et le 1er mai 2020, Philippe Prouff a séjourné sur son île imaginaire qu'il avait pris soin de dessiner au préalable dans son atlas. Il y a composé cet abécédaire poétique et décalé afin de vous y faire voyager.
Ce livre a été réalisé à partir des centaines d'heures d'archives visuelles et sonores retrouvées à son domicile à la suite du confinement imposé à la population française lors de la pandémie de Covid-19 survenue à partir de janvier 2020.
Vous êtes maintenant 190 à recevoir L’intermittent et je vous en remercie. Si vous lisez cette newsletter et que vous n’êtes pas encore inscrit, vous pouvez le faire ici (c’est gratuit 😉 )
Comme d'habitude, n’hésitez pas à interagir avec moi par mail (ou en commentaire sur substack).
La newsletter sert aussi à engager la conversation. Profitons-en pour échanger et apprendre ensemble.