L'intermittent numéro #5

Une belle leçon de reconversion réussie. Astrid Faugeron, monteuse.

L’intermittent numéro #5 arrive avec une semaine de retard, il y a eu comme une frénésie de tournages ces derniers mois, et j’ai eu peu de temps à consacrer à la newsletter (je vous avoue qu’en ces temps incertains, je ne me plains pas d’avoir bien travaillé !!).

Astrid est une amie depuis bien longtemps maintenant. Elle est pour moi un exemple de belle reconversion professionnelle. Je suis fier de son parcours et du chemin qu’elle a su se créer. Je vous laisse la découvrir.

Bonne lecture.

Salut Astrid, parle-nous de toi

Coucou Greg, je suis Astrid Faugeron. J’ai 33 ans. Je suis monteuse depuis 2 ans suite à une reconversion. Avant j’ai travaillé pendant 10 ans sur les plateaux de tournage passant du poste d’assistante régisseur adjointe pour finir régisseuse adjointe sur des longs métrages et pub entre autres.

J’ai adoré la régie ce fut 10 années de partage, de dépassement de soi et surtout d’adaptation.

La régie c’est une école de la vie, en plus des bases de notre métier il fallait gérer les besoins et envies de chaque personne du plateau et son manque de sommeil…

Sur les derniers longs où j’ai travaillé, je me suis mise à filmer les équipes techniques et à faire des petits montages pour nous. Suite à ces petites vidéos, je me suis interrogée sur mes envies, mes inspirations et sur ce qui me manquait dans la régie et c’était la CREATIVITE. Du coup grâce à toutes ces années de travail, j’ai pu avoir accès à une formation au Cifap, pour apprendre le métier de monteuse. Je n’étais pas sûr que cela allait me plaire. La frontière est étroite entre le hobby et la voie professionnelle. Et durant cette formation une fenêtre du possible s’est ouverte devant moi et j’ai sauté. J’ai quitté les plateaux de tournage pour plonger dans l’univers de la postproduction.

Mon nouveau métier s'affirme de jour en jour, d'expériences en expériences.

Ta première expérience

Ma première expérience d’intermittente et aussi celle qui m’a le plus marqué car suite à ce tournage c’est là que je me suis dit “je veux faire ça tous les jours !”.

C’était une pub pour Nissan et le tournage se faisait sur un aérodrome en Bourgogne. On était une équipe mixte avec des Américains. Il y avait tout sur ce tournage pour m’émerveiller : la Russian Arm une grosse voiture de type pick-up équipé d’une grue, de techniciens passionnés et l’équipe régie. Je ne sais pas comment raconter pourquoi ce tournage, mais j’avais le sentiment d’être à ma place, de contribuer à la création du projet. Cette vidéo n’est jamais sortie mais j’ai quand même bu quelques verres avec Wally Pfister et ça fait plaisir !!!

Et cette nouvelle vie professionnelle

En ce moment je suis assistante monteuse sur Top Chef, et je suis heureuse car je travaille pour l’émission de télévision que je préfère je ne peux rien vous dire mais c’est génial de découvrir l’envers du décor, les rouages du tournage et la fabrication d’une telle émission.

À côté, je travaille en monteuse pour deux chaînes youtube.

La première est “Dans ton Miam !”

Brice, le réalisateur, arrive avec ses rushes et me donne carte blanche pour faire son montage. Il se filme avec son instinct et il est tellement passionné qu’il veut partager beaucoup d’informations. Du coup il faut faire le tri, réorganiser ses pensées et surtout trouver le contenu juste pour le partager avec ses followers. C’est une expérience très enrichissante.

La deuxième est “Un petit classique ? “

C’est un chouette projet de collaboration, car Henri est arrivé avec une super idée de « vulgariser » le théâtre du coup il s’est entouré d’une réalisatrice, d’une illustratrice et d’une monteuse. Ensemble on avance et on évolue. La chaîne est toute nouvelle, mais le potentiel est là !

Une rencontre marquante

Je parlerai de deux rencontres qui m’ont marquée.

La première dans ma vie de régisseuse c’est toi Greg. Je t’ai connu dès mon premier jour payé d’assistante régisseuse. Lors d’un tournage je suis venue te voir car je voulais être au camion qui était un poste très masculin. Tu m’as dit : « Pourquoi pas sur un petit projet pour essayer !». À la fin du projet tu m’as dit que tu n’avais jamais vu un camion aussi bien rangé et ton regard sur les postes « masculins » a évolué et j’en suis fière ! Tu es l’une des premières personnes à m’avoir encouragée à faire ma reconversion. Quitter ton équipe a été dur car nous avons travaillé ensemble des années et nous avons créé des liens forts.

(Je confirme évidemment tout ce qui vient d’être dit 😉 )

Pour ma deuxième vie professionnelle, il y a Tristan Fraget, un chef monteur qui a 10 ans d’expérience. C’est comme un mentor, il déteste quand je dis ça mais c’est ce que je ressens. Quand tu changes de métier c’est agréable d’avoir un référent. Quelqu’un avec qui tu peux parler. J’aime faire des points avec lui et me rendre compte de mon évolution. Je pense que l’on se construit aussi à travers des modèles, comme Greg a pu l’être pour la régie.

Un lieu, un décor

Un lieu de tournage qui m’a marqué c’est le grand palais. J’y allais au moins 3 fois par an pendant 6 ans pour travailler sur les défilés Chanel. Les constructions étaient folles. La fusée au milieu de la nef était tellement impressionnante et en plus ce jour-là Will Smith m’a touché l’épaule. Je crois que j’étais sur la lune hihihih.

Ton approche de l’intermittence

Pour moi être intermittent, c’est une liberté. On change souvent d’équipe, on découvre des lieux différents, on participe à des projets différents. Vu comme ça on pourrait se dire quel métier de rêve, mais l’intermittent c’est aussi une grosse organisation de vie car comme on ne sait pas encore sur quoi on va travailler : on ne sait pas de quoi seront faits les prochains mois.

C’est un statut qui nous permet de créer ou d’aider comme de participer à des tournages bénévoles dont on a envie qu’ils existent. Il ne faut pas s’oublier et surtout s’écouter, quelques fois les projets sont trop bancals et il faut filer convenablement sinon tout cela devient trop chronophage.

Une anecdote

J’en ai des tonnes, mais je les raconte mieux autour d’une bière bien fraîche. En 10 ans il s’en est passé des choses. Mais repose moi la question dans 2 ans pour des anecdotes de montage. Il se pourrait que je te re-propose une bière bien fraîche pour te les raconter.

Dans 10 ans

Dans 10 ans, j’espère être une monteuse avec qui on a envie de collaborer. J’espère être toujours heureuse de ma reconversion, ou peut-être que je ferais une autre reconversion qui sait…

Bonus

J’aimerais parler du CIFAP. C’est un centre de formation pour les métiers du spectacle et de l’audiovisuel. Ils ont des formateurs très compétents et disponibles. La structure de ma formation était complète, c’était sur 5 mois intenses. En sortant j’ai pu vite constater les effets positifs et professionnels. J’ai les bonnes bases, plus qu’à continuer à les faire évoluer.

Mes coups de cœur du moment

Films : oh lalala… je ne suis pas allée au ciné depuis longtemps et en plus en ce moment on ne peut plus y aller. Mais je vous conseille de redécouvrir « Jumanji », personnellement j’y jouerais bien !

Série : « Mission » cette série pas toujours égale dans son jeu d’acteur, a une histoire happante .

Livre : Je viens de commencer « les dieux eux – même » d’Isaac Asimov. J’aime sa façon de voir notre futur, nos évolutions.

Bd : « Alice au pays des singes » c’est loufoque, c’est bien dessiné et ça fait du bien !

Jeux : j’adore jouer !!! Je vous conseille Kitchen Rush, faire de la cuisine et tenir son restaurant en coopération le tout en 4 min! C‘est excitant !

Merci Astrid pour ta confiance, pour le clin d’œil et sache que je suis moi aussi très heureux d’avoir croisé ta route.

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